Extrait: site de l'association Oratoire
"Les oratoires sont pourtant la mémoire de nos villages. Érigés en accomplissement d'un vu, pour remercier d'une grâce accordée ou plus simplement pour honorer la très Sainte Vierge Marie, mère de Dieu ou le Saint auxquels ils sont dédiés, leur emplacement et leur environnement ne sont pas fortuits, placés en évidence à un carrefour, à un col, à un passage périlleux ; indicateurs d'un sentier conduisant à un ermitage ou une chapelle, lieu de pèlerinage. Ils nous invitent au recueillement et à la prière, en faisant une halte sur les sentiers de la foi. Ils font partie des paysages de nos pays et de notre patrimoine religieux et artistique. Il importe donc de les faire mieux connaître afin de motiver les populations et les élus locaux sur l'importance de ce riche patrimoine".
Reposoir support en forme d'autel sur lequel le prête pose le Saint-Sacrement. L'Ostensoir pièce d'orfèvrerie destinée à contenir l'hostie consacrée et à l'exposer à l'adoration des fidèles.
En 1802 Chateaubriand, fit l'éloge de ces promenades bucoliques où filles et garçons ont le loisir de fleurter pendant le mois des amours...
Sous l'ombre bienveillante du tilleul ancestral, s'assoient les voyageurs qui sortent leurs casse-croute et leurs gourdes. Les paysans font une halte en famille précédée d'une prière, après avoir gravi le petit raidillon du chemin bordé de hauts murs. Près du ruisseau, cet espace bucolique aussi un lieu de rendez-vous pour les amours secrets, les aubades de printemps...
Mai annonce l'arrivée du printemps loué dans les reverdies et les pastourelles, puis dans les chants et les pièces courtoisies du XVIIe et XVIIIe siècle. Thème de scènes pastorales, repris dans le folklore écrit, peint et chanté du XIXe siècle. L'Angélus de Millet trone dans les foyers.
Mai est un mois de grande effervescence végétale et sociale, des bals de plein air.
* Plantation d'arbres de mai enrubannés, dans la liesse des fifres et des tambourins, les familles se régalaient de masse-pains, victuailles et pichets de vins de Saint Martin.
* La belle de Mai", était une jeune vierge habillée en blanc, une couronne de fleurs blanches, telle une antique déesse
* Des ritournelles:
Rossignol du bois joli
Toi qui chant' le jour et la nuit
Ah! Le joli chant
Qu'il est donc charmant
Voici le printemps
Où toutes les filles vont changer d'amant
* Offrir des brins de muguet daterait de la fin du XIXe siècle, symbole d'un porte-bonheur, porte chance.
Depuis le XVIIIe siècle, ses autels de la vierge Marie sont fleuris. Au culte marial s'organisent les fêtes de certaines confréries: les enfants de Marie, les filles de la Vierge ou du Rosaire. L'effervescence printanière se rassemble dans des bouquets blancs d'aubépine, de fleurs des champs, de narcisses, de lilas et des guirlandes de lierre ornent les croix de Mission, les reposoirs.
La procession est liée au Saint-Rosaire (Rosaire= latin rosarium: guirlande de roses dont on couronnait la Vierge. Par la suite c'est un grand chapelet de quinze dizaines d'Ave précédées chacune d'un Pater ou les prières elles-mêmes). "ceinturée d'un grand rosaire à grains gros comme des noix" Apollinaire.
Il faut rappeler que dès 1690, la confrérie du Saint Rosaire avait une chapelle dans l'église.
* Le 3 mai fête chrétienne commémorant l'invention de la Sainte Croix.
La procession au XIXe siècle, suivait un chemin de croix en pierre ou en fer forgé depuis celle placée latérale contre l'église: rue du Vercors. Après une station au reposoir du tilleul, les saint martiniers montaient à la croix de pierre aux Fauvettes (contre la maison Blanc-Gonnet 869 route de Clémencière et une autre à 200 mètres sur la gauche en montant.
Mai est le mois des feuillaisons, des herbes nouvelles et des blés naissants, muliples processions sous les auspices du curé qui bénit la nature. Après les vêpres, plantation de "croisettes" dans les champs pour favoriser les récoltes.
- Extrait: Le mois des dragons, de Marie France Guesquin, arts et traditions populaires. Bibliothèque Berger-Levrault.
Les processions des rogations.
Les rogations aux champs (du latin rogare: prier) litanies mineures ou gallicanes sont accomplies le lundi, mardi et mercredi de la cinquième semaine après Pâques, c'est-à-dire dans les trois jours précédant l'Ascension. Le 3 mai, les fêtes chrétiennes commémorent l'invention de la Sainte croix, des jours de fêtes variables se rattachant au comput de Pâques: précédé des trois jours des rogations et le dimanche de la Pentecôte,( cinquante jours après Pâques).
Au cours de ces trois processions: prières et bénédictions se succèdent pour que soient assurées des conditions météorologiques favorables à la venue de récoltes abondantes. Ces pratiques en Europe font partie des rituels agraires du printemps, de fertilisations et protection de la terre. Ces traditions remontent aux rituels romains, aux processions et aux sacrifices d'animaux demandant aux Dieux une fertilisation de la terre. Ces coutumes saisonnières étaient également célèbrées par les druides célébrant l'arrivée du printemps en Gaule. Une christianisation de bonne heure a changé les noms des divinités fécondatrices et protectrices mais la tradition persiste ayant but d'attirer les bénédictions divines sur les récoltes et les travaux des champs.
Liturgiquement les rogations sont des processions à stations.
Le cortège partant de l'église peut s'arrêter devant plusieurs sanctuaires, croix ou oratoires fleuris, accompagné de chants spécifiques. Les chantres chantent l'antienne l'Exsurge, puis des litanies des saints et des psaumes (aucun hymne ni cantique qui exprime la joie). On y porte des bannières de la paroisse et la croix. Après l'officiant qui est revêtu du suppli, l'étole et d'une chape violette, les hommes doivent précéder les femmes, tous marchent sur deux rangs.
Au XIXe, l'effervescence printanière se traduit en images populaires qui célèbrent le renouveau de la foi. Les processions agrestes sont le sujet de tableaux réalistes ou romantiques séduits bouquets et de guirlandes ornent les croix, les reposoirs. Pendant ces pérégrinations champêtres, un enfant de choeur chemine avec une clochette ou des grelots. Le curé porte l'Ostensoir protégé sous un dais porté par quatre enfants de choeur, bénit la croix et les quatre point cardinaux
A chaque fête religieuse comme aux communions solennelles, aux mariages, à la fête de Marie le 15 Août, surtout aux rogations, etc il était de coutume en fin de matinée d'aller se recueillir sur les tombes familiales, puis au tilleul. Les 6 fêtes religieuses principales finissaient par des chants jusqu'au doyen des êtres vivants sur la commune: notre Tilleul de Sully.
La Fête-Dieu, mai
La plus belle procession était la Fête-Dieu en mai, un jeudi, la grand messe était reportée au dimanche suivant à la sortie de l'église, en procession, on amenait le Saint Sacrement à l'adoration des fidèles. Le cortège sortait avec des corbeilles garnies de dentelles et remplies de fleurs. Les enfants jetaient des pétales au passage du Saint Sacrement. Le prête tenant l'Ostensoir aux "rayons d'or", Il était sous un dais tenu par quatre hommes qui cheminaient jusqu'à la croix, sous l'ombrage du grand tilleul. Le reposoir était garni de grands bouquets de fleurs (réalisés par madame Gagnière, voisine).
On déposait l'Ostensoir le temps de chanter en chur: "O salutaris ostia" et "tantum ergo sacramentum". Le prêtre, face à la foule, tenant très haut le Dieu Soleil, bénissait le peuple qui mettait un genou à terre. Cette fête était très populaire dans les senteurs des fleurs des champs du printemps.
(Hélène Gillet, sur Marie de la nativité 1965, elle devient directrice de Saint Agnès jusqu'en 1986. Avec madame Pascal pour la première fois, elles amenaient les feunes filles de l'asile découvrir le ski)
La toussaint:
La procession allait au cimetière en récitant un chapelet. Toutes les tombes étaient garnies de pots de chrysanthèmes, de marguerites constituant un vaste jardin fleuri de mémoires familliales. Le prêtre prononçait une petite homélie et bénissait les habitants qui en ressortant , allaient discuter sous l'arbre.
Les rameaux:
Une branche de buis à la main, les croyants faisaient en procession le tour de l'église en souvenir de l'entrée du Christ à Jérusalem. Ils chantaient des chants en latin. Ils ramenaient les buis bénis dans leur maison pour les accrocher aux crucifix dans leurs chambres.
Pâques:
Auparavant on avait fait carême et mangé maigre, certains faisaient le jeune. Mais les enfants savouraient d'autant plus l'idée du repas pascal avec de l'agneau, des pognes dont ils gardent l'arôme de fleurs d'orangers au dessert.
Les trois jours de "rogations" qui précédent l'Ascension. Toute la communauté rurale priait pour les fruits de la terre: foins, vendanges, moissons. Suivant la tradition, les familles marchaient de croix en croix en chantant et bénissant les champs faisant les meilleures augures pour que la prochaine récolte soit généreuse, qu'il n'y ai pas de famine...
Pentecôte:
Noël : les familles croyantes allaient visiter la crèches garnie de santons ou de personnages de cire. Bravant le froid hivernal et la neige, les familles, les jeunes montaient en bande, à pieds de la Buisserate pour participer aux chants de la Messe de minuit. De retour de l'expédition, ils partageait une régalade où parfois il y avait des oranges sur les tables. Pour les enfants des cheminots de la cité, les souliers sous l'arbre de Noel était peu garni.
* Institution Sainte Agnés crée en 1868
Mr Billion, curé de Saint Martin et aumônier de l'asile, depuis 1880, suggéra de reconstruire une véritable chapelle. L'idée prit corps, grâce à la charité des bienfaiteurs de l'uvre, et sur les plans de l'architecte diocésain Berruyer, la chapelle s'éleva en ciment et pierres. Elle fut terminée en janvier 1882 et fut bénie le 28 mars suivant par Mgr Fava. L'installation de la chapelle libérait l'ancienne salle qui en tenait lieu et permit d'accueillir dans la maison vingt pensionnaires de plus.
Le 30-3 1882 sous le titre "Bénédiction de la chapelle de Sainte Agnès de Saint-Martin-le-Vinoux""Malgré la pluie qui tombait dans l'après midi, l'élite de notre population si charitable était émue le 26 mars dernier pour visiter les pauvres créatures déshéritées que renferment l'asile Sainte Agnès de Saint-Martin-le-Vinoux... Les saintes religieuses de la Salette se font les humbles servantes de créatures dépourvues de raison. Elles subissent pour l'amour du Christ tous les caprices, toutes les mauvaises humeurs, toutes les méchancetés de ces êtres disgraciés."